La France en héritage
Ces quelques pages sont une réflexion née sur la place d’armes d’Aubagne, au moment précis où de jeunes légionnaires recevaient leur attestation de naturalisation. En les regardant devenir Français, une question s’est imposée à Christian, que signifie vraiment la France pour ceux qui la rejoignent par choix ? Ce texte est une tentative de réponse, nourrie d’expérience, de mémoire, et de l’attachement profond à la devise républicaine qui guide notre pays.
Mais cette émotion prend un sens particulier lorsqu’elle se vit au sein de la Légion étrangère. Car la Légion n’est pas seulement une formation militaire, elle est un lieu de renaissance, de dépassement, de fraternité concrète, où des hommes venus de toute la terre apprennent une langue, un esprit, une discipline commune. Pour certains, elle devient même le chemin vers une nouvelle patrie.
C’est à ces hommes, à ces nouveaux compatriotes qui ont déjà servi la France avant même d’en recevoir les papiers, que ces lignes s’adressent. Elles veulent saluer leur engagement, rappeler la force du lien qui unit la Légion à la Nation, et transmettre ce que signifie vraiment hériter de la France, une histoire, des valeurs, un idéal, mais aussi un devoir de fraternité, de fidélité et de solidarité, qui ont toujours été au cœur de la maison Légion.
Louis Perez y Cid
Par Christian Morisot
Furtivement, la lumière du soir enveloppe d’une masse sombre la place d’armes du quartier Viénot à Aubagne. Un évènement très particulier s’accomplissait, un groupe de jeunes légionnaires se voyait remettre par les élus locaux de la région, une attestation qui précisait leur naturalisation française.
Charmé agréablement par l’inattendu de l’engagement de ces jeunes hommes, une question me venait à l’esprit : « Que pouvait bien représenter la France pour eux ?
Quelle image et opinion pouvaient-ils avoir de l’histoire de leur nouveau pays ?
J’avais impulsivement le sentiment de frustration de ne pouvoir leur parler, sans vouloir leur faire la leçon, mais simplement leur dire ce que représente la France pour bon nombre des anciens légionnaires qui, bien avant leur acte volontaire, avaient eux aussi fait le choix de devenir Français.
J’aimerai avoir l’occasion de leur dire que la France, c’est tout simplement : « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Concernant l’égalité, il est dit que deux êtres sont égaux lorsqu’ils sont de même grandeur ou possèdent la même quantité de bien. Ainsi est mis en place le décor…
Mais nous savons par expérience que tout est relatif: égalité de deux distances, de poids, de fortune, d’intelligence… De ce fait, L’égalité absolue deviendrait identité et nul ne serait l’égal que de soi-même; absurde ! c’est du clonage…
Les hommes sont-ils égaux ? Nous avons appris, souvent à nos dépends alors que nous nous retrouvions au milieu de nos camarades engagés volontaires confrontés au même avenir immédiat, nous étions égaux. En fait, à ce moment là, c’est l’inégalité qui était règle: les hommes ne sont pas aussi forts, ni aussi intelligents, ni aussi généreux les uns que les autres malgré le nivellement imposé par une indispensable uniformité qui ne pouvait qu’être apparente. Les différences n’apparaissent pas tout de suite, untel se révélera plus fort que tel autre, qui sera plus intelligent ou moins égoïste. D’autres sembleront avoir toutes les chances, tous les talents, toutes les vertus, mais aussi toutes les faiblesses, que des tares et que des malheurs, des malchances. Bref, aucun doute possible, les êtres humains sont manifestement inégaux. Un Dieu juste aurait pu éviter ce marasme, heureusement l’homme a créé la démocratie, les droits de l’homme et les devoirs du citoyen… Mais dire que tous les hommes sont égaux serait un impie mensonge !
Comme le font beaucoup d’antiracistes en proclamant que “toutes les races sont égales”, et qui ne font que sombrer dans une confusion qu’entretiennent ceux qui disent le contraire, nous devons admettre que si les hommes apparaissent égaux, c’est la nature qui s’impose et elle, la nature n’est ni démocrate, ni progressiste, ni humaniste, elle ignore tout simplement nos lois. En fait, tout dépend, de notre morale en politique et pour certains de leur religion, nous avons aujourd’hui un bel exemple de ce que nous sommes capables de devenir sans pour autant devoir nous imposer le moindre reproche puisque tout est fait selon les règles et conformément à la loi du suffrage universel, nous avons que… ce que nous méritons !
La biologie a longtemps réfuté le racisme ? mais faut-il soumettre nos principes au diktat des laboratoires ? Ce serait confondre le fait et le droit et c’est en quoi, il est essentiel de distinguer ces deux choses bien différentes l’une de l’autre. La réponse n’est pas dans les laboratoires des généticiens ni dans les tests psychotechniques, elle est dans nos cœurs, dans nos principes, dans notre éducation et surtout dans nos lois.
Nous avons appris que ce n’est pas parce que les hommes sont égaux qu’ils ont les mêmes droits; mais parce qu’ils ont les mêmes droits qu’ils sont égaux. Aujourd’hui, notre société se transforme trop vite, ne nous laissons envahir par la haine, cette horrible pieuvre universelle qui est partout présente, partout agissante, trop de massacres ne cessent de nous le confirmer.
Soyons convaincus que toute haine, même justifiée est injuste, soyons égaux mais surtout soyons unis et solidaires pour pouvoir parler aussi de fraternité et de liberté…
Mais je leur dirai surtout que c’est la fraternité qu’on oublie !
En effet, si la Liberté peut-être instituer et l’Égalité s’imposer, la Fraternité elle dépend trop d’un sentiment de solidarité souvent mis aux oubliettes. Si la Liberté et l’Égalité sont opposées, du fait même que la Liberté tue l’Égalité et que l’Égalité imposée tue la Liberté, la Fraternité elle, permet de maintenir la Liberté en luttant contre les inégalités.
Aujourd’hui, le monde moderne se développe autour de sociétés en quête de bonheur privé… de jouissance matérielle au détriment du bien être collectif. Horrible constat: « l’homme se fragilise de plus en plus ».
Espérons que ces naturalisés français seront fiers de leur nouveau pays et qu’ils sauront s’imprégner à l’esprit de leur famille d’adoption.
Qu’ils sachent aussi que leur nouvelle patrie à une dette : celle du prix du sang des combattants français et étrangers qui ont lutté avec honneur et fidélité pour qu’elle reste Libre.
La devise: « Legio Patria Nostra » fait de la Légion une fille de France, qui sait intégrer ses anciens serviteurs libres, égaux et fraternels, avec une fraternité concrétisée pour les pensionnaires de Puyloubier et d’Auriol. En effet, ces derniers se partagent deux maisons qui leur évitent toutes dérives, conséquences inévitables d’un désœuvrement annoncé. Nous avons, fait nôtre, depuis le centenaire de la création de la Légion, de nous préoccuper fraternellement et d’héberger en communauté les plus démuni d’entre-nous. Un élan solidaire qui se précise et s’affirme encore de nos jours et qui ne s’arrêtera qu’avec la disparition du dernier d’entre nous.
Bienvenus chez-vous jeunes gens, je ne doute pas de vos facultés d’intégration et permettez moi de vous mettre en tête les propos d’un de mes anciens chefs, de ceux qui mérité notre estime dans la masse de ceux que nous respectons par devoirs, le général d’Armée (2s) Jean-Claude COLLON:
“Dans le domaine de l’intégration la Légion est un modèle qui honore notre pays. Certes, si les méthodes pratiquées en son sein pour l’apprentissage des fondamentales "langues” et “système de valeurs” ne sont pas exactement transposables dans notre société civile, elles sont par contre la “charpente” incontournable de l’intégration et du vivre ensemble” …
Le “Droit à la ressemblance” en demeure la véritable “pierre de base” au titre de garant de l’égalité des chances”.